Chroniques musicales : Cat Power, Gil Scott Heron, Creedence Clear Water

Cette semaine, retrouvez une toute nouvelle chronique musicale. Le principe ? Une sélection de trois a...

Cette semaine, retrouvez une toute nouvelle chronique musicale. Le principe ? Une sélection de trois albums au format vinyle : un coup de coeur, un classique et une sortie récente, chinée avec soin par l’un des membres de notre équipe. 

Une nouvelle fois, c’est Antonin qui ravi nos oreilles avec trois artistes bien différents et pourtant si proches Cat Power, Gil Scott-Heron et Creedence Clearwater. Trois albums à retrouver dès maintenant, au format vinyle, dans notre boutique Parisienne.

Vous avez raté notre précédente chronique ? Retrouvez la ici.

1 – Sortie récente : Cat Power – Covers 

Je dois l’admettre : je viens juste de découvrir Cat Power, avec la sortie de son dernier album Covers. Le nom me disait vaguement quelque chose…

Du coup Je fais évidemment le rapprochement avec Angel Olsen sauf que, bien sûr, c’est dans le sens inverse que l’analogie devrait logiquement s’opérer étant donné que Cat Power a sorti son premier disque en 1995. J’imagine donc que celle-ci s’est inspirée de celle-là. On comprend pourquoi. Belle parenté. 

En tout cas, je recommande vivement. Je réalise que je suis passé à côté de quelque chose d’important, de beau et de singulier. Sans être monolithique, l’album a une cohérence qui s’impose très naturellement, ce qui n’est pas si évident étant donné qu’il s’agit, comme le titre l’indique littéralement, d’une sélection de reprises. La chanteuse s’était déjà essayée à cet exercice en 2000 avec l’album Cover Records, qui incluait des morceaux de Dylan ou d’Oasis, entre autres, puis avec Dark End of the street, sorti en 8 ans après. La voix de Chan Marshall, la chanteuse, qui a choisi d’incarner la puissance féline, est ce qui nous interpelle en premier lieu. 

On y sent l’expérience qui nuance et met en perspective, une sorte d’humilité née de l’introspection, une sincérité un peu violente mise à nue par un chant aux héritages mêlés folk et rock, et un peu Soul même à y penser (particulièrement sur White mustang ), simple et expressif. Celle-ci est d’ailleurs mise en avant sur l’ensemble de l’album et particulièrement sur A pair of brown eyes, accompagnée de quelques cordes éthérées, Here comes a regular, aux notes de piano hypnotiques et effets d’échos, suivi du final I’ll be seeing you, où, elle nous porte doucement dans la mélancolie. 

Pour ce qui est du reste, même sur les morceaux plus rythmés, plus ‘produits’ la composition instrumentale n’en fait pas des tonnes et sonne juste : accords de guitares simples ou riffs un peu nerveux qui ponctuent, ou accompagnent, une batterie plutôt feutrée. Mes morceaux préférés : Endless Sea et I had a dream Joe, à la tonalité un peu grave, un peu sombre. 

2 – Le classique : Gil Scott Heron – The Revolution will not be televised

Il y a bien sûr, dans mon choix de ce mois, un clin d’œil amusé à l’air du temps. À notre époque où tout, absolument tout, est filmé et diffusé et que par ailleurs, une révolution est annoncée quasiment une semaine sur deux. 

Gil Scott-Heron est mort en 2011 et aura donc eu le temps de poser un regard sur ce 21eme siècle et ses chaînes d’informations en continu. On ignore cependant si cela l’aura fait revoir son jugement, ni à quel point. Pour ma part, j’ai découvert l’homme comme écrivain en premier, avec son roman The Vulture (Le Vautour, dans sa traduction française) dont le réalisme brut m’a marqué, comme ses personnages ambigus tentant avec hargne d’échapper au déterminisme qui collait à leur peau, leur condition et leur histoire. 

Je mentionne tout cela, car on retrouve dans les textes de ses chansons ce qui fait la force de Gil Scott-Heron dans son écriture littéraire. Un mélange de commentaires acides, parfois drôles, parfois juste brutalement lucides, toujours critiques sur ce qui l’entoure, sur son époque et son pays et d’expressions de tourments, d’angoisses et d’aspirations intimes. Les deux registres alternent ou se mêlent comme l’intelligence et la sincérité et tout cela sonne cruellement juste. 

Des morceaux comme Home is where the hatred is en sont un exemple saisissant. Cela mis à part, Scott-Heron est un véritable musicien, un pianiste plus expressif que virtuose – ce qu’il n’est clairement pas – qui sait faire parler son instrument. À l’instar du bluesman faisant vibrer sa guitare à trois cordes dans un registre si limité qu’il rend encore plus stupéfiant sa capacité à nous émouvoir. 

Une Soul dépouillée, âpre, fiévreuse et percutante aux paroles scandées (Brother, Whitey on the moon ou le titre éponyme), ou plus douce, simple et mélodieuse qui porte un chant touchant (Save the Children, I think I’ll call it morning). 

Un album important, dans l’œuvre de l’artiste, mais surtout dans l’histoire de la musique noire américaine. Et notre exemplaire est parfaitement neuf. 

3 – Coup de coeur : Creedence Clearwater Revival – Greatest Hits

Voici un Best of qui tient ses promesses : tous les morceaux les plus importants du groupe y figurent : Fortunate Son, Proud Mary, Have you ever seen the rain, Born on the Bayou et ma préférée I heard it through the grapevine au son chaud et entraînant, avec ses 4 mesures récurrentes avant chaque couplet où la guitare devient menaçante et la basse qui la soutient carrément martial – un morceau  à l’avant-goût de destruction, un peu comme le Paint it black des Stone. 

À cela, les gens de Fantasy Records, label historique du groupe historique, ont eu la bonne idée d’ajouter le sexy Suzie Q (qu’on imagine aisément figurer sur une bande originale pensée par Quentin Tarantino) et l’excellente reprise de I put a spell on you que le groupe, évidemment, a totalement réinterprété pour un résultat assez génial. 

Je ne vais pas essayer de décrire le son de Creedence (nerveux, solaire, dansant, énergique, électrique, audacieux, inventif, irrévérencieux, mélodieux, fiévreux…) mais au milieu de cette fièvre rock’n’roll, on apprécie aussi de voir le disque ponctué de balades à la composition plus recherchée, à l’orchestration un peu élaborée comme le Someday never comes.

Bon, il y a bien sûr un ou deux titres dont on aurait pu se passer – Hey tonight, Sweet hitch-hiker, peut-être un peu trop Country Rock pour moi – mais il y a tant de merveilles réunies sur ces deux disques noirs qu’ils constituent un trésor à mes yeux. Je veux dire à mes oreilles !

Un groupe qui a eu une influence considérable sur le rock américain des années 60, donc, d’une certaine, sur le rock dans le monde entier jusqu’à nos jours.

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